Ce soir nous serons sept nous dit Sonia. Sept images d’animaux s’affichent à l’écran. Je me lance : « Je prends le sanglier, car j’ai l’impression d’en avoir un dans ma tête tellement le boulot m’a épuisée. » On rit. Rita prend l’écureuil et ses noisettes, Paul la biche dans les bois, Alice le loup. C’est comme ça qu’on entre ensemble dans la forêt. 

Aujourd’hui, Sonia propose d’explorer le thème de la liberté et chacun partage une anecdote, une petite histoire anodine et joyeuse, que l’on a peu raconté à notre entourage. Sonia sait ce qu’elle fait. Elle scrute ces fines traces d’histoires qui racontent autre chose de nous, autre chose que nos « Je suis manager, un peu fatiguée mais j’aime mon travail vous savez et mes trois enfants ? oh, ils sont adorables, je gère vous savez ». 

Je me souviens de ce coup de fil d’un cher et vieil ami écrivain, alors que je me marchais vite sur un piétonnier étroit du centre-ville. Coup de fil à ne manquer pour rien au monde. D’un bon, je m’assieds par terre, j’oublie mon pantalon blanc et mes chaussures fines et j’improvise le trottoir en mini-bureau : je dois noter tout ce qu’il m’écrit par téléphone. Les passants n’existent plus. Je bois ses mots, du petit lait. Une bulle de liberté. Bulle à faire éclater me lance Sonia ? Mais non, Sonia ne me lance rien, elle a simplement préparé le jardin, le terreau et c’est en moi que l’idée germe. Un jour, qui sait, j’écrirai des romans. 

Paul, Rita, Alice, tous enchaînent avec leurs pépites dont ils se souvenaient parfois à peine avant ce soir tant l’espace pour se raconter est souvent étroit. Ici, en confiance autour de Sonia, les chemins de nos récits s’élargissent, amorcent de légers tournants que l’on entamera avec plus de forces car l’on sait, maintenant, que chacun nous y attend, au-delà des tournants, pour célébrer nos déviations salutaires.  

Merci Sonia !

Marguerite